En mars 1987, les débats politico-culturels organisés au Cameroun
s'enrichissaient d'un concept paradoxalement inexact et sans
consistance, le concept « ethnofascisme ». Son créateur prétendait
caractériser, par le biais de ce terme, « la volonté de puissance
d'une ethnie, ou l'expression de son choix hégémonique ». Une table
ronde au cours de laquelle divers intervenants statuaient sur le passé
et le devenir de la littérature politique au Cameroun allait dégénérer
en une vaste et odieuse intrigue que le président Paul Biya assimilera
lui-même à des « dérapages policiers », à des « bavures ». David
Ndachi Tagne retrace fidèlement et sûrement les étapes d'un « roman »
dont il a été l'une des victimes involontaires et innocentes. Incident
ou simple et banale histoire, l'aventure dont les moments sont ici
évoqués reflète et réfléchit un contexte politique singulier dont les
maîtres-mots sont la démocratisation, la libéralisation, l'unité
nationale. Le vou de l'auteur? Que les uns et les autres dépassent les
intrigues et les suspicions mesquines et mortifères, et ne
s'installent pas allègrement dans une quadrature du cercle. Il faut,
une fois pour toutes, s'atteler à une tâche contraignante mais
exaltante et grandiose: la construction nationale.