La démocratie africaine est malade. L'opposition accuse les autorités
préfectorales de partialité. Dans presque tous les Etats, les fraudes
électorales constituent la principale pomme de discorde entre les
groupes rivaux. Mais les autorités administratives sont-elles
capables, avec le vide juridique actuel d'accomplir objectivement
leurs missions sans se heurter aux pouvoirs de nomination attachés aux
principes de loyalisme et d'obéissance hiérarchique incompatibles avec
la transparence électorale tant redoutée par les conservateurs?
L'opposition peut-elle demain, une fois au pouvoir bousculer les
habitudes et consacrer la neutralité politique des Préfets? Le
problème n'est-il pas en rapport avec notre passé colonial et surtout
avec notre type de démocratie hautement « folklorisée » par le réflexe
du parti unique pour que les préfets soient les seules victimes
expiatoires à clouer au pilori? Même si les autres responsables
publics ternissent aussi à leur manière le processus électoral, les
autorités préfectorales demeurent toujours la cible privilégiée des
protestataires. Parce que le peuple qui gouverne en régime
démocratique n'admet pas d'être contrarié dans ses choix électoraux à
cause de l'implication directe de ces autorités en amont. De plus, le
brouillard s'étale de plus en plus avec la confusion entretenue entre
le politique et l'administratif. Il est de notoriété publique
aujourd'hui que les préfets sont redevenus, comme à l'époque
coloniale, des chefs de régions chargés de la propagande politique et
de la contrefaçon électorale. Quelles sont les raisons d'un tel retour
en arrière alors que l'institution préfectorale demeure pour nos pays
en proie à un tribalisme « génocidaire », le seul outil capable de
rendre la présence de l'État effective sur le terrain en y imprimant
la marque de son unité nationale et de son action économique? Le
présent débat a un triple mérite : il est ouvert en temps opportun; il
permet de mettre à découvert un domaine resté tabou jusqu'à présent
comme s'il était encore marqué de l'estampille coloniale; il apporte
un éclairage nouveau aux hommes politiques et aux autorités en poste.