La colonisation, par le biais de l'Église et de l'école, est un
véritable désastre moral pour l'Africain qui s'avère incapable de
faire fonctionner son « système » axiologique traditionnel, constitué
de valeurs morales communautaires. Et les valeurs morales véhiculées
par l'Église et l'école n'emportent pas son adhésion. Il réduit plutôt
la modernité à l'acquisition effrénée des biens matériels et surtout à
leur forte consommation. L'Africain a besoin de débarrasser sa
conscience morale des déchets toxiques. Mais la pollution axiologique
prend la forme d'un penchant irrésistible que l'Africain manifeste
vis-à-vis de la pacotille axiologique qui lui vient de l'Occident et,
de plus en plus, des pays émergents de l'Asie. Preuve de son indigence
intellectuelle et de l'amenuisement de l'intelligence axiologique en
Afrique, qui le condamnent à se complaire dans la contrefaçon des
valeurs morales occidentales. Et la différence de qualité entre ces
valeurs morales contrefaites et celles-là s'appréhende en termes de
décapage axiologique : l'Africain efface la couleur noire de ses
valeurs morales en les oignant de la blancheur de celles d'essence
judéo-chrétienne. C'est la déconfiture axiologique dont il ne peut
sortir qu'en s'employant au redéploiement de l'intelligence
axiologique en Afrique dans le sens de la libre élaboration par
greffage d'une axiologie nouvelle susceptible de conjuguer les valeurs
morales antagonistes. Question de communion : l'Africain et
l'Occidental doivent se trouver dans une relation d'interaction pour
fonder une communauté axiologique basée sur la similitude.