La croix ne serait-elle qu'une épée renversée qui mutilerait l'Africain de lui-même ? Telle est la grave impression des villageois de Song Mboua, paisible village semblable à tous ceux qui sont éparpillés aux quatre coins du monde, et qu'un étranger à la « Barbe de maïs » invite au Christianisme. La nouvelle religion suscite un débat plutôt épique entre partisans d'une foi jalouse, exigeante, voire fanatique et ceux animés d'un solide bon sens et d'une logique qui, pendant l'Eucharistie, feraient remplacer le jus de raisin et le pain par le vin de palme et du manioc. Entre les deux camps oscille le groupe des âmes tièdes dont certaines ne manquent pas d'ironie. La foi en un Dieu est, du reste, le dénominateur commun à ces différents protagonistes. Mais puisqu'on lui en propose un nouveau, que celui-ci descende à Song Mboua, au niveau de l'homme, fragile créature qui ne peut offrir à Dieu qu'un bouquet de faiblesses. Qui peut donc, sans péché d'orgueil, prétendre aimer Dieu de son pauvre cour d'humain ? Au-delà de la palabre sur l'indigénisation de l'Évangile, Charly-Gabriel MBOCK aborde avec une sensibilité toute particulière les malentendus, les insuffisances et les incohérences qui hypothèquent la foi en Afrique. Le tout dans un style alerte, imagé et riche en analogies qui transporte le lecteur au cour du milieu paysan. Auteur de QUAND SAIGNE LE PALMIER, Charly-Gabriel MBOCK est titulaire d'un Doctorat de 3r cycle de littérature française. Il est actuellement chercheur à la Délégation Générale à la Recherche Scientifique de son Pays où il met à profit ses qualités de romancier et de critique littéraire. La petite chapelle de Song Mboua s'écroulera sous une tempête. Effondrement symbolique : Dieu lui-même pleure sur une Église dont il demande l'entière reconstruction.
