Cet essai tente d'analyser et de faire soupeser la part de
responsabilité des citoyens dans l'échec de la société haïtienne à
construire une nation vivace et fiable, bien commun à tous, dans le
concert des autres nations. L'État, entité de pouvoir collectif,
accaparé de tout temps par une minorité oligarchique, est mis au
service des intérêts exclusifs de cette dernière au détriment de
l'ensemble de la population. L'intérêt général a été sacrifié au
profit des intérêts individuels. L'histoire politique, économique,
sociale et culturelle est ainsi revisitée à la lumière des visions et
comportements de générations successives qui fascinées par le pouvoir
et ses avantages l'ont utilisé plus comme moyen de promotion
personnelle et de leurs proches que comme un outil de transformation
et d'évolution de la société. L'héritage légué par les ancêtres, les
apports de leurs différents successeurs, loin d'être renforcés,
élargis, enrichis pour permettre à la nation de s'épanouir, ont perdu
au fil des troubles et bouleversements politiques beaucoup de leurs
substances. Les déficiences, les carences, les insuffisances, les
pénuries se sont accumulées dans tous les domaines. Des cortèges de
problèmes sans fin. Aujourd'hui non seulement le pays attend tout de
l'étranger, il est totalement dépendant de l'aide extérieure et en
plus les forces militaires internationales sont présentes sur le
territoire pour assurer l'ordre. C'est à un immense effort
d'engagement soutenu, de dévouement et de volonté inflexible qu'il
faut appeler tous les citoyens pour changer le cours des choses et
construire l'avenir sur de nouvelles bases.Il s'agira de prendre les
dispositions pour relever les différents défis qui se présentent et
que ce livre a aussi l'ambition de préciser les termes : mettre l'État
au service de la nation; créer une économie viable, capable de
répondre aux besoins d'évolution de la société; mettre hors jeu
l'ordre oligarchique pour une société plus juste et ouverte; donner
sens à notre identité haïtienne. Il est grand temps que les haïtiens
fassent un retour sur eux-mêmes, se mettent en cause et prennent
conscience que le vivre ensemble impose des règles, des obligations à
respecter par tous indistinctement et que chacun quelle que soit son
origine, sa situation, a autant de droits, de dignité que son voisin,
à ne pas ignorer ni mépriser. Il n'y a pas de communauté nationale
durable sans ces principes de base et sans effort commun.