LE REGARD DE L'AUTRE, ou une autre façon d'appréhender les désordres
mentaux dans la médecine traditionnelle africaine. Pourquoi, comment
est-on atteint de troubles mentaux, qui les soigne et comment ? Face à
la maladie qui concerne le groupe dans son ensemble et dans ses
rapports avec l'ordre symbolique et idéologique, la relation
thérapeutique prend une autre dimension. Issu du peuple et de ses
contradictions, le thérapeute est-il un sage ou un malade lui-même ?
Quels désordres du fonctionnement collectif les symptômes du patient
révèlent-ils ? C'est dans la cure (où le groupe participe à travers
médicaments, chants et danses, repas et contribution financière)
qu'est posée la question fondamentale de la place de l'homme ou de la
femme, de son inscription dans le temps et l'espace de son histoire,
et bien sûr de ses rapports à la vie et à la mort. Grâce à la relation
thérapeutique (le thérapeute y est le médiateur « ni en-dehors, ni
au-dessus des heurts de fonctionnement ») la cure se révèle être une
initiation, l'occasion d'une renaissance, le lieu et le moment
privilégiés d'un savoir sur l'homme et surtout sur son ambivalence et
de ses limites. La re-naissance n'est pas celle du seul malade mais
aussi celle de la collectivité entière mise en cause.