La décentralisation est l'affaire du Siècle. Choix politique majeur,
elle ne concerne pas seulement les Pouvoirs locaux à qui l'État a
transféré des compétences mais, aussi, un ensemble de situations et de
structures liées à la vie de la Société. Tous les secteurs d'activités
se trouvent ainsi, impliqués. À la subordination contraignante, la
décentralisation vise à substituer une répartition plus équilibrée,
plus démocratique du pouvoir de décision et des responsabilités. En
rapprochant le pouvoir appartenant aux citoyens de ceux dont la
mission est de gérer les aspirations du peuple, la décentralisation
fortifie les imaginations et renforce les initiatives, privilégiant,
ainsi, l'efficacité au détriment d'une centralisation à la fois
tatillonne et inefficace. Mais malgré son actualité, l'idée de
décentralisation n'est pas nouvelle. L'histoire politique enseigne, en
effet, qu'elle répond à une vieille revendication. Depuis la
Révolution française de 1789 jusqu'à la fin du XIXème siècle, la
décentralisation a été au centre de débats interminables, dans les
Parlements, dans les milieux politiques, comme dans la presse.
L'importance de la question était si évidente, qu'au début de la
Troisième République (française), plusieurs journaux n'ont pas hésité
à porter le titre « Décentralisation ». C'est ainsi, également, que le
Comte de Luçay a pu publier, en 1895, un important ouvrage intitulé :
« Décentralisation ». La décentralisation apparaît, aujourd'hui, comme
un instrument d'orientation stratégique. Décentraliser n'est pas
seulement mettre en place de nouveaux mécanismes institutionnels, mais
c'est aussi, engager une démarche qui implique la recherche de1
modèles de managements plus participatifs. Il s'agit de libérer la
créativité dans le but de réaliser des changements significatifs à
tous les niveaux. Chacun devient acteur et auteur de son propre
changement par l'amélioration de ces compétences organisationnelles et
par son engagement personnel au service de la Communauté. Ainsi se
construisent les bases d'une démocratie locale authentique, facteur
déterminant dans le processus du développement urbain durable. L'idée
de décentralisation fait donc son chemin. Elle est actuellement
partagée un partout dans le monde. Elle s'est traduite dans de
nombreux pays par une grande maîtrise dans l'articulation des rouages
administratifs, économiques et financiers. La démocratie prudents mais
résolue, empruntée dans beaucoup de cas, à permis de rapprocher le
pouvoir des citoyens cherchant à privilégier l'efficacité au détriment
d'une Administration tatillonne, sourcilleuse et envahissante. Il
s'agit de marquer une nouvelle et décisive étape dans
l'approfondissement de la démocratie locale. Le transfert effectif du
pouvoir exécutif aux Élus locaux a, pour conséquence, de mettre fin à
un mode de gestion administrative autoritaire et de modifier,
profondément, le rôle et la place des Collectivités locales dans
l'État. Il s'agit, en d'autres termes, de rendre responsable l'élu
local en le plaçant au cour des problèmes de développement. Même s'il
ne s'agit que d'une étape de plus dans la voie de la décentralisation,
les réformes à entreprendre permettront de consolider l'émergence
d'élites locales qui auront acquis plus de liberté et de
responsabilité dans la prise en charge des Affaires locales. Plus
qu'une simple transformation des institutions publiques locales, ce
sera une véritable mutation des esprits, partant des comportements,
qui s'imposera. Les Autorités locales pourront, ainsi, participer
davantage à l'enracinement de la démocratie locale. C'est, à cette
fin, seulement, que les Collectivités dont elles ont la charge
pourront s'engager, de manière résolue, dans la voie du développement
urbain durable. Concept stratégique et participatif, le développement
urbain durable interpelle, au premier chef, les Autorités locales.
Celles-ci ont pour missions fondamentales d'assurer le bien-être de
leurs populations en prenant en charge le développement harmonieux de
tous les secteurs d'activités locales (sécurité, éducation, culture,
santé, loisirs, etc.). Elles pourront ainsi intégrer leurs projets à
long et moyen terme dans le processus global. La stratégie pour un
développement urbain durable impose la remise en cause des politiques
publiques en vigueur jusqu'ici. Le large partenariat à instituer entre
les différents acteurs urbains permet, en effet, de créer de nouvelles
opportunités économiques et sociales pour améliorer les conditions de
vie des populations. Il ne s'agit plus de considérer celles-ci comme
de simples bénéficiaires d'aide et d'assistance de la part des
pouvoirs publics locaux, mais, comme de véritables acteurs de leur
propre développement. De ce point de vue, la satisfaction des besoins
essentiels et l'amélioration de la qualité de la vie de toutes les
couches sociales deviennent un enjeu prioritaire, un défi commun à
relever par l'action de tous. Ainsi, la ville ne sera plus, comme
l'imaginait Bourdieu, un réceptacle « de la misère du monde », mais un
lieu de solidarité et de citoyenneté.