Le panafricanisme est souvent présenté comme un mouvement des xxe et xxie siècles qui a débuté avec les conférences panafricaines organisées par Henry Sylvester Williams, et qui s’est développé en des entités politiques contemporaines telles que l’Union africaine (UA). Ses principaux objectifs sont : la libération du continent africain, la création d’une structure politique panafricaine et la conceptualisation de l’unité culturelle des communautés d’origine africaine du monde. Nous postulons que les manifestations du panafricanisme au xxe siècle sont la théorisation et la systématisation d’expressions antérieures de l’esprit du panafricanisme qui se sont produites depuis le xviie siècle, avant que le terme ne soit inventé. Une lecture attentive de son histoire montre qu’il est enraciné dans une épistémologie qui remet en question les fondements de l’euro-modernité et participe à une définition plus complexe du concept d« Afrique ». Cette perspective nous permet de revisiter la pertinence épistémique du panafricanisme à une époque où la prise de conscience de la prégnance de la colonialité a conduit à un appel pressant pour la décolonisation.