Cet article tente de comprendre pourquoi les politiques publiques alimentaires inspirées de la pensée économique libérale et des bailleurs de fonds internationaux n’ont pas réussi à enrayer le spectre de la faim au Niger, et ce, depuis plusieurs décennies. De façon chronologique, le papier s’interroge, dans un premier temps, sur la crédibilité des stratégies nationales alimentaires menées par le pays pour juguler l’insécurité alimentaire. Il montre plus précisément comment celles-ci sont finalement devenues inefficaces, soit par l’absence de visions et d’orientations suffisamment claires et cohérentes, soit par le rôle souvent ambigu et controversé joué par les réseaux des marchands vivriers et les organisations internationales financières et humanitaires. Devant l’insistance des crises alimentaires et des désastres sociaux et économiques qu’elles entraînent, l’article questionne, dans un second temps, l’opportunité de la toute nouvelle « Initiative 3N » (les Nigériens Nourrissent les Nigériens) des autorités publiques à répondre aux défis alimentaires. S’agit-il d’un simple slogan au relent nationaliste et souverainiste, visant à contrecarrer les soulèvements populaires et la pression exercée par les médias internationaux, ou l’amorce d’un espoir de voir enfin les Nigériens s’extirper des affres de la faim et de l’insécurité alimentaire ?