Les années cinquante soixante avaient été marquées par l'espoir d'un développement généralisé dans l'ensemble du Tiers Monde. Le « Projet de Bandoung » - dominant de 1955 à 1975 - avait inspiré des stratégies économiques qui, par-delà leurs diversités, s'assignaient l'objectif de renforcer l'indépendance politique par un développement économique conçu dans la perspective d'une interdépendance mondialisée progressivement moins inégale. Les désillusions des années quatre-vingt marquent-elles la « fin de l'idéologie du développement »? La dérive progressive qui conduit à une dizaine d'années du combat pour un « nouvel ordre économique international » à la soumission aux politiques de recolonisation, la vulnérabilité particulière de l'Afrique dans une conjoncture défavorable, la crise de l'État-nation ne démontrent-elles pas que le projet national bourgeois reste impossible, s'il a jamais été souhaitable? Mais que faire? Se réfugier dans l'idéologie passéiste des nationalismes culturalistes pour tenter de construire une société affranchie d'un seul coup de la mondialisation marchande ? Ou agir dans le sens de la construction d'un monde polycentrique fondé sur l'ajustement réciproque aux exigences d'une démocratisation sociale. En tout état de cause, la soumission des relations extérieures à la priorité d'un développement populaire intériorisé reste fondamentale.