[...]La théorie du développement va s'éloigner progressivement du
modèle pur de l'équilibre général, qui a dominé la réflexion et la
pratique en matière de développement tout au long des années 80.
Ainsi, une nouvelle économie du développement, que l'on qualifiera
d'économie du développement du post-ajustement, va se substituer au
consensus de Washington. Cette nouvelle économie du développement
regroupe l'ensemble des pratiques théoriques qui s'éloignent du modèle
walrassien en reconnaissant les imperfections du marché et
l'incapacité des politiques de stabilisation et d'ajustement
orthodoxes inspirées de ce modèle de base à opérer les transformations
nécessaires à une reprise durable de la croissance dans le
Tiers-Monde. Ainsi, la théorie du développement ne pouvait pas rester
indéfiniment insensible aux souffrances sociales des populations du
Sud, suite à l'application des programmes de stabilisation et à la
faiblesse des dynamiques de croissance initiées par les réformes. Ces
évolutions sonnent le glas du libéralisme triomphant des années 80, en
annonçant les gestations d'une ère nouvelle où les préoccupations de
reconstruction de « l'empire du chaos » (Amin 1991) l'emporteraient
sur les impératifs et les préoccupations néolibérales de destruction
de l'ordre ancien du début de la décennie 80.[...]