Livrel (ePUB, HTML, Tatouage) 500p.
(Essai)
ISBN: 978-2-37918-316-4
La littérature négro-africaine a une histoire bien distincte des
autres domaines francophones. Elle commence dans les années 30 avec la
parution de la Revue du Monde Noir, de Légitime Défense et de
L'Étudiant Noir, dans ce creuset intellectuel parisien où se
rencontrent les premiers poètes noirs d'Amérique, des Antilles et
d'Afrique. Les plus connus sont Jean-Price Mars, René Maran, les
poètes de la Renaissance noire (Mackay, Langston Hughes, Jean Toomer)
et le trio Léopold Sédar Senghor, Aimé Césaire, Léon Damas. Le
mouvement de la négritude va s'épanouir avec les revues Tropiques et
Présence Africaine pour culminer avec les deux congrès axés sur les
problèmes de la race, de la colonisation et de la culture (Paris 1956
et Rome 1959). Les ténors de cette riche période furent Alioune Diop
fondateur de Présence Africaine et Cheikh Anta Diop pour l'Afrique,
Aimé Césaire et Frantz Fanon pour les Antilles. Les indépendances
africaines qui ont lieu entre 1959 et 1961 sont accompagnées d'une
importante production théâtrale, tandis que le roman et la nouvelle
deviennent le miroir éclaté des mille expériences des nouveaux États.
C'est alors que sont publiés ceux qui deviendront les classiques de la
prose franco- africaine : Mongo Beti, Birago Diop, Bernard Dadié,
Sembène Ousmane, Abdoulaye Sadji, Djibril Tamsir Niane, Olympe B.
Quenum, Cheikh Hamidou Kane. Après une période euphorique qui dure de
10 à 15 ans, viennent l'oil critique et la plume acerbe. À partir de
1985, les écrivains posent un regard lucide, tragique, voire cynique
sur une réalité qui s'impose à l'encontre de tous leurs voux : les
dérives politiques et sociales déstructurent peu à peu les sociétés du
continent noir et provoquent dans maints pays les troubles graves que
l'on sait. Paradoxalement la littérature semble bénéficier de ces
perturbations parfois chaotiques, car l'écrivain en demeure le témoin
privilégié, et nombre d'entre eux restent « en situation ». Mais, par
ailleurs, ils se sont affranchis des contraintes tant d'écriture que
d'idéologie, et c'est en toute liberté qu'ils se « situent » ou non
face à la tourmente politique. Plusieurs noms émergent de cette
production de plus en plus abondante : Ahmadou Kourouma (récent prix
Renaudot), Sony Labou Tansi, Tchicaya U'Tamsi, Moussa Konaté, Raphaël
Confiant, Patrick Chamoiseau, Daniel Maximin..., mais aussi Maryse
Condé, Véronique Tadjo, Tanella Boni, Calixthe Beyala. Car les femmes
africaines ont aussi pris la plume et font entendre leur différence.
Cet ouvrage a repris, en les remaniant, les principaux chapitres d'une
thèse notoire du même auteur (Université de Bruxelles, 1961). Ils ont
été prolongés par une large fresque historique de cette littérature et
de ses péripéties, depuis 1960 jusqu'à nos jours.