En Côte d'Ivoire, le terme tutorat, « sorte » d'institution
traditionnelle rurale, gouverne les relations sociales naissant de
l'accueil d'un étranger (ou d'un groupe d'étrangers) et de sa famille
dans une communauté villageoise locale. Il a permis l'intégration de
nombre d'allochtones et d'étrangers dans les différentes communautés
d'accueil et a renforcé l'équilibre et la paix sociale dans les
régions forestières de l'ouest ivoirien. Mais depuis 1990, la Côte
d'Ivoire a commencé à enregistrer des conflits qui ont des
répercussions sur son développement social, économique et politique
avec l'instauration du multipartisme et les querelles nées de la
succession du Président Houphouët. La revendication des droits de
propriété sur la terre dans les différentes régions est de plus en
plus évoquée en raison de la tribalisation des discours politiques et
du vote de la loi n°98-750 du 23 Décembre 1998. Ce qui a mis à mal les
relations sociales réciproques de bon voisinage entre autochtones et
allochtones et/ou étrangers et partant le tutorat. Ainsi, se
trouvent-ils confrontés à une dégradation qui entraîne de plus en plus
des situations violentes entre communautés de planteurs autochtones et
migrants, entre villages, entre différents membres d'une même famille
autour de la terre. Dans cette recherche, le problème du
fonctionnement du tutorat dans la localité de Fengolo est posé pour
voir comment il a pu se transformer en un conflit foncier. Cette étude
analyse aussi pourquoi les relations sociales réciproques d'entraide
se sont transformées en un conflit foncier entre le tuteur autochtone
et son protégé.