Livrel (PDF, HTML, Tatouage) 210p.
(Essai)
ISBN: 978-2-37918-182-5
(...)M. Agblemagnon nous présente au contraire, dans ce livre
pionnier, les mots vivants, sexualisés, rematérialisés, dans la
société vivante. Lianes pareilles aux lianes de la forêt, qui
attachent les lignages entre eux, et qui saignent quand on les coupe.
Partie de souffle vital de l'homme, morceau d'âme, et qui garde
au-dehors toute la chaleur du foie, les pulsations du coeur, le
frémissement des entrailles qui l'ont enfanté. Logos qui continue la
parole créatrice de Dieu. Il nous montre aussi, à juste titre, la
littérature orale comme faisant partie de la structure sociale, et
certes des couches de cette structure peuvent se dessécher, se
superposer en strates d'âges différents, de biologiques devenir
minéralogiques (on admirera la tentative, originale, de l'auteur pour
créer, à partir de cette constatation, une archéologie sociale, pour
ouvrir, à travers cette littérature orale, les coupes profondes qui
nous font retrouver l'histoire d'une ethnie). Mais cette littérature
est toujours saisie dans sa fonction sociologique - cet ouvrage n'est
pas un herbier, avec des fiches, mais la ressaisie d'une communauté
nationale « en action ». Proverbes, langage tambouriné, chants et
légendes, comme les mots des hommes et les odu des dieux, sont des
techniques opératoires, analogues au mariage, à l'initiation tribale,
aux rites de l'accouchement ou de la mort; techniques par lesquelles
une société relie entre eux les divers agencements sociaux, résout ses
conflits, ce qui fa it qu'en définitive le langage n'est plus un
ensemble de signes arbitraires, mais une partie intégrante de
l'organisation sociale, et que la littérature orale échappe au
linguiste, au critique littéraire, au folkloriste pour devenir un
chapitre - peut-être le plus essentiel - de l'anthropologie sociale,
définie comme l'étude des structures vivantes.(...)