Cet ouvrage abondamment illustré est le fruit d’une longue enquête menée sur l’un des plus vieux sanctuaires existant au cœur du vieux Manden, berceau de l’Empire du Mali, le Kama blon de Kangaba. Son auteur, Mme Solange de Ganay, qui fut l’un des tout premiers collaborateurs du célèbre ethnologue français le professeur Marcel Griaule, a assisté à trois reprises (en 1954, 1975 et 1981) aux cérémonies septennales de restauration du Kama blon. « Ces cérémonies comportent plusieurs rites célébrés avec ferveur par le Manden tout entier, au nom des peuples issus de cette terre sacrée des origines et pour le bonheur de l’Humanité. » Mme de Ganay a recueilli à l’occasion de leur célébration, auprès de plusieurs dignitaires malinké, notamment Mamby Keïta chef de canton de Kangaba, Bintou Sinè Dyabâté chef des griots de Kéla et Dyamoussa Soumano chef des griots du Mali, des données inestimables sur la cosmogonie, la mythologie, les légendes et l’histoire du Manden. Outre les minutes des cérémonies septennales qui durent cinq jours, Mme de Ganay donne dans son ouvrage le symbolisme des différentes parties du Kama blon ainsi que la signification de nombreux signes graphiques. Elle y rapporte également les hymnes, cantiques et panégyriques déclamés par les griots de Kéla, grands célébrants des cérémonies septennales, au cours de leurs processions autour du sanctuaire et des lieux sacrés qui l’entourent. On trouve enfin dans le présent ouvrage, commentés par des initiés malinké, environ cinquante peintures, aussi belles les unes que les autres, réalisées tous les sept ans sur les parois du sanctuaire. « Le Kama blon et son culte sont éternels, de même que le Manden », disent les Malinké. Néanmoins, depuis quelques décennies déjà, des intégristes musulmans ne cessent de décrier et même de perturber le déroulement d’un rituel qui vise somme toute à « célébrer les origines, magnifier les mânes des ancêtres du Manden, prêcher la concorde entre les hommes et la paix dans le monde ». Les prochaines cérémonies se dérouleront en 1996, entre mars et mai. Espérons que la « Grande parole du Manden » fera entendre raison aux esprits égarés.