Pour revisiter sa part indienne, le Guadeloupéen Frantz Quillin a
choisi le genre du récit de voyage qui entremêle des éléments
autobiographiques, des visions lyriques et des réflexions suggérées
par ce qu'il a vu tout au long de cet itinéraire qui est, à n'en pas
douter, un véritable parcours initiatique... Si la démarche qu'il a
choisie est celle de l'errance, ce « monde ordinaire » dont il
découvre les multiples visages entrevus de Bombay à Calcutta, de Goa à
Delhi, est peut-être celui des origines mais il révèle au voyageur une
Indianité, elle aussi multiple, à laquelle il n'est pas facile de
s'identifier. Pour tout individu d'origine indienne mais né hors de
l'Inde, la quête de soi devient là, à la fois quête du même et quête
de l'autre, comme nous l'ont raconté tant d'écrivains de Trinidad et
du monde caraïbe, mais l'originalité de Frantz Quillin réside dans le
fait que son retour aux sources n'est ni immersion totale dans
l'imaginaire indien ni refus de cet imaginaire, mais acceptation d'une
différence qui ne perd jamais de vue son autre origine, insulaire et
atlantique, toujours présente en filigrane, avec laquelle il sera
peut-être plus facile de se mesurer à la fin du voyage, loin de
l'impermanence et de la folie indiennes.