Cinq récits de femmes, de pionnières: Charlotte, Danièle, Renée,
Marie-Jo et Jacqueline nous confient leur témoignage. Des Françaises
qui ont choisi d'aller vivre au Sénégal avec leur mari africain au
moment où cette ancienne colonie s'engage dans la voie de
l'indépendance. Comme le révèlent ces cinq interviews, le métissage
est l'affirmation d'une maturité pleinement assumée, tout à la fois
simple et complexe, douce et amère, bref d'un « entre deux » qui
permet à chacun d'explorer, d'approfondir, mais aussi de « dépasser »
sa propre culture, laquelle peut à son tour servir de tremplin à celle
de son conjoint. Néanmoins, ainsi que nous le constatons dans
l'ouvrage de Marie-Thérèse Leblanc, ce concept de métissage n'a pu
faire l'économie d'un combat. Cette notion de « dépassement » a permis
au Président- poète Léopold Sédar Senghor, non seulement de faire
harmonieusement coexister les deux concepts qui lui étaient si chers
en dépit de leur apparent antagonisme, la négritude et la
francophonie, mais aussi de leur assigner une mission d'épanouissement
mutuel. Dans le contexte actuel de peur de l'étranger, où toute union
mixte est suspecte, depuis la loi du novembre 2006 sur le contrôle de
la validité des mariages entre Français et étrangers, ces témoignages
retrouvent une surprenante actualité. Ils nous invitent à rejeter les
replis identitaires meurtriers pour renouer avec une conquête active
du métissage qui appartient à tous.