L'objet de cette étude est d'apporter les éléments d'information qui
permettent seuls de porter un jugement d'appréciation critique
objectif sur les expériences de décolonisation et de développement
économique de ces trois pays de l'Afrique de l'Ouest. Par le chiffre
de leurs populations, l'ensemble Mali-Guinée-Ghana, avec ses quelques
13,7 millions d'habitants vers 1960, ne rassemble que 19% environ de
la population de l'Afrique de l'Ouest. Par l'importance de leur
revenu, ils rassemblent environ 29% de la richesse de l'Afrique de
l'Ouest : 200 dollars par tête pour le Ghana, 60 dollars par tête pour
la Guinée et le Mali, contre 60 dollars par tête pour les autres pays
de l'Afrique de l'Ouest, Sénégal et Côte d'Ivoire exceptés (150
dollars pour le Sénégal et 170 dollars pour la Côte d'Ivoire). Par
l'importance de leurs exportations à destination extra-africaine, ils
représentent vers 1960 27% du commerce extérieur de l'Afrique de
l'Ouest : 310 millions de dollars pour le groupe Mali-Guinée-Ghana
contre 830 millions de dollars pour les autres pays de l'Afrique de
l'Ouest. Comme on le voit, si le Ghana est le pays le plus développé
en Afrique de l'Ouest, la Guinée et le Mali se situent gravement
en-de-ça de la moyenne de l'ensemble ouest africain, sinon pour leur
revenu par tête, du moins pour le volume de leurs exportations à
destination extra-africaine par tête (4,7 dollars contre 15,4 dollars
pour l'ensemble ouest africain). Ce qui nous autorise à étudier
ensemble ces 3 expériences, c'est donc beaucoup plus la similitude de
l'ambiance politique générale dans laquelle elles de déroulent que
celle des problèmes, puisque les niveaux de développement et les
richesses potentielles au départ sont très différents.