Marx s'était proposé de traiter de l'économie capitaliste mondiale
dans un volume VI du Capital, qui n'a jamais vu le jour. De ce fait,
les marxismes historiques, largement confinés dans l'exégèse des
écrits de Marx, ont éliminé de leur programme la réflexion, pourtant
indispensable, sur la mondialisation de la loi de la valeur. Samir
Amin tente dans cet ouvrage de combler cette lacune et propose une
analyse de la transformation de la loi de la valeur en loi de la
valeur mondialisée. Il dégage ainsi les fondements théoriques de la
polarisation produite par l'expansion mondialisée de la domination du
capital. Cette édition est augmentée d'un texte théorique concernant
la relation entre valeur et prix, deux concepts que Marx distingue
alors que l'économie bourgeoise les confond. Cette relation avait été
analysée par Marx dans les conditions du capitalisme de l'époque. Avec
l'évolution de celui-ci, devenant capitalisme des monopoles
(aujourd'hui des monopoles généralisés), la relation subît elle-même
des transformations majeures. L'analyse du « surplus », un concept
nouveau nécessaire pour restituer toute sa place à la rente des
monopoles, comme celle de la hiérarchisation des salaires, détachée de
toute référence aux coûts de formation, permettent de conceptualiser
ces transformations et de mesurer leurs effets sur la reproduction du
système économique et social contemporain. Le marxisme vivant rompt
avec la tradition qui le réduit à l'exégèse des textes de Marx.