Un consensus tacite consacre, comme une évidence, l'opposition, plus incantatoire qu'effective, qui existerait dans le roman africain entre une Tradition (africaine) et une Modernité (occidentale). La réalité, bien entendu, est loin d'être aussi schématique.
Le récit que raconte ce roman en administre la preuve. Deux phrases en circonscrivent l'enjeu : « Ta Côte d'Ivoire, c'est ce champ », est-il dit à propos du Départ de Sana, et à la fin du roman : « Il avait un Avenir », une fois que le même Sana a surmonté tous les obstacles rencontrés sur le chemin de sa quête forcenée d'une certaine forme de liberté.
Ces deux phrases cernent le projet essentiel du roman : elles invoquent la possibilité d’une alliance entre la légitimité familiale (qu'incarne le fils aîné) et la légitimité d'un recours à l’Avenir (les études ne représentant qu'une des éventuelles modalités de pouvoir y accéder), « Le Fils Aîné » de Pierre - Claver Ilboudo pose ce problème d'une façon concrète et précise.