Reposant sur la collecte des données empiriques et sur la recherche documentaire, l’article compare l’enseignement de l’histoire du Cameroun dans les sous-systèmes francophones et anglophones à partir de l’analyse de supports pédagogiques et didactiques variés. Il questionne la place que revêt le Cameroun dans la discipline historique de niveau secondaire ainsi que la manière dont y sont traitées certaines séquences de son passé. Si les programmes d’histoire du premier cycle que partagent les deux sous-systèmes mentionnent bien le Cameroun à certains niveaux d’enseignement, le volume horaire ainsi que l’ampleur des sujets traités sont de loin plus élevés dans le sous-système anglophone. Par ailleurs, alors que les manuels d’histoire, limités au premier cycle dans le sous-système francophone, font l’impasse sur les thématiques relatives à la construction de l’État du Cameroun, les manuels anglophones inscrits au premier cycle et au second cycle y consacrent de larges extraits. Sans toutefois postuler une relation de cause à effet, l’article tente une exploration des enjeux de cette pédagogie contrastée pour les politiques mémorielles au Cameroun, au cœur du réveil d’un protonationalisme anglophone qui donne lieu à des relectures contrastées de l’histoire du Cameroun.