L’Afrique dispose d’une diaspora formée, dotée de compétences diversifiées, et susceptible de jouer un rôle primordial dans son développement. Jusqu’ici, l’observation a montré que l’action des associations des diasporas en faveur du continent reste remarquable, via les transferts de fonds, dans les activités d’économie sociale (transport urbain, développement des micro-financements, bâtiments sociaux, coopératives …) et dans le renouvellement des infrastructures socioéconomiques de base (écoles, centres de santé, etc.). Ces initiatives sont certes louables et encourageantes, mais il manque encore cruellement l’organisation de cette diaspora en une entité dotée d’une conscience et d’une identité spécifiques en tant que communauté rattachée à une région d’origine, et de ce fait redevable, d’une manière ou d’une autre, des actions concrètes en vue de la réinvention de l’Afrique. Cette réinvention passe nécessairement par le développement d’une identité biculturelle, à même de tisser, de retisser et de raffermir à jamais de solides liens transnationaux et transgénérationnels avec le continent. La biculturalité dont il est question ici devrait être axée sur deux éléments clés, à savoir la genèse d’une nouvelle culture et le développement intégral. Le premier volet de ce vaste programme ambitieux sur le processus de réinvention de l’Afrique suggère une réinvention même d’une nouvelle culture qui ne serait ni entièrement africaine, ni totalement étrangère, mais qui serait à cheval entre les deux précitées et qui s’enrichirait des apports des deux cultures (exemple : rôle de la socialisation technologique dans le modèle culturel asiatique). Le second volet cherche à repenser le développement du continent (rôle crucial de l’éducation et du travail dans le modèle occidental). Cet article se propose donc de revisiter les possibilités qu’offre la diversité culturelle du continent africain dans le but d’insuffler dans la diaspora une nouvelle identité culturelle, tout en mettant en évidence les divers enjeux et défis de cette biculturalité pour la réinvention de l’Afrique. Des matériaux théoriques (approches systémiques d’A. Mabogunje et des réseaux transnationaux de D. Massey) et empiriques tirés des terreaux culturels africain, asiatique (société japonaise, chinoise et coréenne) et occidental seront utilement mobilisés pour étayer la thèse de l’identité biculturelle.