Avec 1,5 millions d'habitants pour 550 km2, l'agglomération dakaroise a une croissance démographique de 6 % par an 12. Cet important taux démographique est largement consécutif aux flux migratoires, Dakar étant essentiellement une ville d'immigration. Il en résulte une explosion urbaine tout à fait préoccupante du fait de son rythme de la forme – souvent criarde – qu'elle épouse mais aussi des mutations sociales qu'elle induit.
L'étude de la migration se pose dès lors avec acuité. La problématique de l'insertion des nouveau : arrivants dans les villes comme d'ailleurs des migrants de longue durée, est un aspect des recherches urbaines particulièrement important. Or, ainsi que l'écrit A.S Oberai (1982 :2) « La principale source des données sur les migrations est à présent, dans les pays en voie de développement, le recensement national de la population. Si les recensements sont à même de fournir une mesure des flux migratoires au cours de la vie ou entre des périodes censitaires, ils ne donnent pas les informations nécessaires pour comprendre la dynamique de la redistribution de la population ».
Ce constat semble bien camper le cas du Sénégal. En effet, l'analyse efficiente de la migration est un palier décisif pour une saisie convenable de la dynamique des réseaux urbains dakarois. Il faut donc se garder de penser que les recensements nationaux permettraient de révéler l'intelligence du phénomène urbain. Il s'agit en revanche - reprenant la formule de Françoise DUREAU (1987 :33) de considérer la migration comme fil directeur pour l'analyse de l'urbanisation. Pour ce faire, l'approche sociologique de la migration présente des avantages certains en ce sens qu'elle nous permet une meilleure compréhension de l'organisation des flux migratoires notamment l'étude des réseaux qui résultent de celle-ci.