Depuis 2002, les espaces de discussion de rue se présentent comme des
lieux importants dans le champ politique ivoirien. Leurs interventions
précèdent ou font un écho retentissant aux actions des partis
politiques. Du reste, quand ces espaces ne sont pas accusés d'être à
l'origine des troubles qui traversent la Côte d'ivoire, ils sont
perçus comme des instruments politiques mobilisés pour exacerber les
antagonismes. Ainsi, ces espaces de discussion de rue se
développent-ils de plus en plus comme des instruments de diffusion des
idéologies politiques construites par les partis et mouvements
politiques en opposition dans le conflit armé. Les modalités de
fonctionnement diffèrent d'un espace à un autre. Les « agoras » et les
« parlements » accueillent de nombreuses personnes qui suivent les
discours d'orateurs dont la voix est souvent portée par un matériel de
sonorisation (mégaphones, hauts parleurs et microphones). Les « grins
», plus discrets et moins importants sont constitués par des
rassemblements dont le nombre n'excède pas 30 personnes. Le présent
rapport tente de rendre compte de l'investissement politique de ces
espaces de discussion de rue dans le conflit politique en Côte
d'ivoire.