Livrel (ePUB, HTML, Tatouage) 723p.
(Recherches africaines)
ISBN: 978-2-86978-949-4
Ce volume est à la recherche d'une explication aux événements survenus
depuis 1999 en Côte-d'Ivoire, qu'il est convenu d'appeler la « crise
ivoirienne ». Il semble que l'interprétation événementielle des faits
apportait des explications insatisfaisantes à cette fracture profonde
et que la bonne perspective conduisait obligatoirement à revisiter les
catégories théoriques essentialistes que s'obstinent à nous imposer un
regard faussé, alourdi par des préjugés ethnocentriques. Une prise de
distance avec l'événementiel passe par un questionnement approfondi
sur les causes de l'effondrement annoncé du modèle dit ivoirien; le
sens historique des choses est appelé pour examiner l'enchaînement et
l'interaction des faits dont il faut, à chaque fois, statuer sur le
poids historique dans la direction tragique de la dynamique sociale.
En cherchant les origines sociales de l'irruption de cette déchirure
sociale et politique, les auteurs du volume partent tous d'une
question centrale : de quelle manière le poids de la formation de la
société ivoirienne moderne intervient-il sur les modalités des actions
individuelles et des regroupements collectifs actuels ? La fracture
brutale et violente qu'a connue la formation sociale ivoirienne pose
de nouveau la question des identités collectives qui dévoile en même
temps les enjeux liés au caractère inachevé de la construction des «
États-nations » en Afrique. C'est une erreur, en effet, de penser que
cette crise s'est spontanément déclarée dans les instances supérieures
partisanes et de négliger le fait que derrière les déclarations
ostentatoires à propos de l'Unité Nationale, les regroupements
précoloniaux ne se sont pas complètement dissouts dans la « Nation »
moderne. De plus, dans le processus de fabrication de l'espace social
« national », de nouvelles combinaisons sociales s'y engagent en se
réinventant continûment. Les racines des crises actuelles sont, nous
semble-t-il, à chercher dans la transformation inédite que connaissent
les sociétés africaines contemporaines.