Cet article se propose d’interroger des œuvres littéraires francophones de l’Afrique subsaharienne et du Maghreb pour saisir comment y est figuré le corps féminin (un de ses thèmes de prédilection) et le(s) sens de cette figuration. Les différentes perceptions de ce corps et les idéologies qui les informent, l’écriture des transformations corporelles, la mise en mots de ce que le corps de la femme subit ainsi que les innovations stylistiques induites par l’écriture pour mieux dire le corps y sont abordés. Dans une démarche diachronique, l’article oppose d’abord la vision de la littérature coloniale, dominatrice et négationniste de la valeur de l’Autre, à celle des poètes de la négritude qui mythifie et survalorise la femme africaine. Ensuite, il traite de la représentation des transformations du corps féminin consécutive aux mutations culturelles que le continent a connues et de la prise de la parole des femmes pour dire et libérer leur corps. La dernière partie aborde l’écriture du corps féminin dans la littérature post-indépendance puis dans les œuvres dites de la guerre. Elle révèle comment le corps de la femme, bafoué et profané, devient le symbole des tragédies de l’Afrique contemporaine.