Livrel 523p.
(Romans d'Afrique)
ISBN: 978-2-37918-220-4
Il est à la fois aisé et délicat d'explorer les nouvelles productions
littéraires qui, au cours du XXe siècle, ont surgi dans les pays
anciennement colonisés accédant peu à peu à une indépendance politique
et culturelle. Les multiples oeuvres qui nous parviennent de ces ex
colonies françaises et anglaises sont toutes marquées d'un double
sceau : volonté de témoigner au plus vite de l'instant historique que
représente cette levée de tutelle tant attendue mais, en même temps,
recours aux formes occidentales de la création littéraire pour
traduire les traumatismes découlant de la colonisation (et de son
corollaire non moins douloureux, la décolonisation). Mais s'il est
facile pour un critique européen de cerner dans le temps et dans
l'espace ces phénomènes pourtant contradictoires de libération ardente
et d'imitation obsessionnelle, il est par contre beaucoup plus
difficile d'étudier les problèmes d'acculturation qui accompagnent
cette implantation d'une culture étrangère (écrite) sur une tradition
vernaculaire (orale). Ceci est particulièrement sensible en Afrique où
les écrivains semblent adopter tout uniment les techniques
d'expression européenne mais où, en fait, l'héritage culturel africain
reste toujours en filigrane de la page écrite. L'exemple du roman est
particulièrement révélateur en ce domaine car il nous amène à nous
demander dans quelle mesure la tradition africaine enraye (ou au
contraire étaye) les emprunts d'écriture occidentale.