En fait dans ce récit, l'aveugle apparaîtra bien plus tard. Il s'agit surtout de la vie d'une jeune fille, mais d'abord de celle de sa tante toutes deux « victimes » de l'excision et de l'infibulation, de la mutilation d'une partie intime de leur anatomie. Suit alors pour les deux femmes, mais à des moments différents une série de déboires liés à l'injustice humaine et aux mauvais coups du sort. L'héroïne, confiée à sa tante à Bamako, est obligée d'arrêter ses études et de revenir au village après l'arrestation de cette dernière et de son mari pour des raisons politiques. Mais le village est déserté par ses habitants fuyant une malédiction : la cécité se répand dans toutes les maisons. Elle y retrouve, seul, son père également atteint, qu'elle décide alors de prendre en charge. Retour à Bamako pour mendier, puis exil à Dakar, toujours pour mendier. Une vie terrible donc, dans la misère et le danger permanent, dans la débrouillardise et la quête effrénée d'un bonheur incertain. Mais à force de ténacité, grâce aussi aux livres et au sens profond de l'Art, Oulimata s'en sort, heureusement... Ce roman est poignant par les thèmes abordés, notamment le problème crucial des mutilations génitales, la pauvreté, les castes, la ville et ses tracas, la prostitution, les enfants abandonnés, la violence, la perte des valeurs... Et l'auteur évoque tout cela avec un réalisme saisissant, avec un art consommé de la narration.