Livrel (ePUB, HTML, Tatouage)
(Essai)
ISBN: 978-2-37015-471-2
Le titre que je donne à cet ouvrage n'est pas tout à fait juste, car
la politique de l'Europe à l'égard de la Turquie n'a jamais été
subordonnée à la morale. Le succès était le seul but, la force seule
créait le droit. À l'époque des Croisades, l'Europe, malgré sa
barbarie, était relativement plus morale que l'Europe officielle
d'aujourd'hui. Elle combattait pour le triomphe de la Croix sur le
Croissant et marchait en ennemie déclarée contre un ennemi loyal. Le
mobile religieux a cessé d'être, du moins ouvertement, le grand
animateur politique de l'Occident; l'intérêt matériel prédomine
aujourd'hui, s'identifie avec la tendance à acquérir des territoires
ou de fructueuses concessions. L'Église ou le Pape ne dirigent plus
les hommes d'État; c'est Plutus, dieu des richesses, qui fait éclore
les projets d'affaires et mène la guerre. Que reste-t-il,
matériellement et moralement, de l'ouvre coloniale des siècles
précédents ? Un bouleversement gigantesque du monde entier; des races
humaines presque complètement anéanties; d'autres transplantées d'un
continent sur l'autre par les flottes des Négriers, des territoires
immenses dévastés, hier, l'esclavage, la misère aujourd'hui. La
civilisation n'a pas supprimé la barbarie, elle l'a tout simplement
raffinée.