Livrel (ePUB, HTML, Tatouage) 345p.
(Romans d'Afrique)
ISBN: 978-2-37015-701-0
Son compatriote Camara LAYE l'avait précédé dans ce genre de récit
initiatique qui plonge le lecteur dans les féeries de l'enfance en
terre guinéenne. Aujourd'hui, Yaya CAMARA nous offre un tableau quasi
semblable, mais en saisissant, d'une plume spontanée, toute la période
d'avant et d'après l'indépendance. Une démarche qui permet au
narrateur intra diégétique d'arrimer les soubresauts de son parcours
aux mutations successives de la société. Dans ce roman quasiment à la
frontière de l'autobiographie, le lecteur peut se délecter, sur un
schéma oedipien, des merveilles d'une enfance caressée par le regard
ininterrompu d'une mère qui rend l'âme, hélas, au moment où l'arbre
luxuriant de la réussite porte ses premiers bourgeons. Le récit
retrace le parcours de l'orphelin, alimenté par trois axes qui ne
s'interpénètrent pas forcément : les duretés de la vie scolaire
heureusement atténuées par une incessante plongée dans les pratiques
culturelles du peuple mandingue, la vie professionnelle et ses moments
euphoriques, la vie affective, notamment la polygamie qui, pensée
comme solution aux multiples crises conjugales, se découvre finalement
comme une espèce de Tonneau des Danaïdes. C'est là que le récit de
Yaya CAMARA, le « lagaré » (le dernier-né) porte un long cri sur les
dangers de la polygamie. Aussi, le narrateur, brisant le ressort
traditionnel du roman, introduit-il, à la fin du récit, une captivante
énonciation argumentative sur ce régime matrimonial auquel il consacre
une nouvelle actualité. « La polygamie n'est qu'un raccourci », nous
avertit-il. Au-delà d'une morale de principe, il s'agit d'une
invitation à la réflexion sur un sujet qui ne mourra pas demain.
Surtout en ce siècle où les valeurs d'argent nous emportent dans
l'absurde et nous font oublier que « L'homme n'a d'ennemi que lui-même
».