Victor HUGO, Aimé CÉSAIRE, qu'est-ce qu'ils ont en commun ou de
différent ? Qu'est-ce qui les rapproche ou les distingue l'un de
l'autre ? Une étude comparative sérieuse, savante et bien menée sur
l'ensemble de leurs oeuvres respectives aura beau jeu, un jour, de le
montrer de manière éclatante. En attendant, pour ne se cantonner
qu'aux Châtiments et Cahier d'un retour au pays natal, c'est leur
mouvement général. C'est la démarche respective des poètes qui
consiste à passer de : Nox à Lux. C'est dans cette démarche, ce moment
charnière entre la fin d'une nuit, et le début d'un jour nouveau,
qu'on appelle communément l'aube, et que Césaire appelle petit matin.
C'est cette lutte farouche entre l'obscurité et la lumière, le noir et
le blanc, signes d'un conflit intérieur. Ce sont leurs sensations face
à un monde en déliquescence; une société insupportable, invivable, un
système socio-politique critique, vicié et en putréfaction. C'est la
revendication d'un monde meilleur, plus juste et plus humain, qui
montre à l'évidence, le caractère profondément prométhéen et
démiurgique de leur poésie. C'est leur conception de la poésie, à
savoir, cette arme redoutable à laquelle aucune forme d'oppression et
d'exploitation ne résiste. Cet instrument efficace qui permet de
transformer sinon de recréer le monde, et ainsi, de le purifier. Ce
qu'ils ont en commun, c'est le caractère tout à la fois, symbolique,
messianique, prophétique, ou visionnaire de leur poésie, et qui
atteste que le poète n'est pas seulement un rêveur, mais aussi, un
homme d'action. Qu'il n'est pas dépourvu de toute mission, bien au
contraire. C'est le sens de leur engagement et de leur combat. C'est
la force de regarder non seulement le présent, mais aussi demain.
C'est la puissance symbolique que dégagent les deux ouvres. Enfin,
c'est leur dimension épique. Hugo, Césaire, assurément deux auteurs
considérables. Deux Titans de la Littérature Française et
Négro-africaine. L'un Romantique. L'autre, Surréaliste ou
surréalisant, en tout cas, poète péléen, volcanique. Les Châtiments,
Cahier d'un retour au pays natal, deux ouvres que sépare un siècle de
distance. Pourtant, ne sont-elles pas si proches ? C'est ce que nous
avons voulu montrer dans cette étude analogique, où nous avons
absolument tenu à commencer par celle d'Aimé Césaire, parce que c'est
elle qui en est à la base, en est le détonateur.