S'appuyant sur l'une des propositions de Césaire sur la poésie,
l'auteur élabore une lecture de l'oeuvre : « La poésie », écrit
Césaire, « est cette démarche qui par le mot, l'image, le mythe,
l'amour et l'humour m'installe au coeur vivant de moi-même et du monde
». Chacun de ces termes - mot, image, mythe, amour, humour - donne
forme à l'un des chapitres de cette étude. B. Cailler essaie
d'enraciner sa lecture dans la théorie poétique de Césaire et dans le
contexte socio-historique de l'ouvre, sans prétendre ni saisir cette
ouvre de l'intérieur d'une conscience productrice, ni la confronter à
la vie politique de l'écrivain : on réclame ici le droit de lire le
poète dans l'absolu de son poème, un poème considéré comme pratique.
Cece n'est pas retirer au poème sa force politique, sa condition
d'acte engagé; c'est vouloir l'étudier comme langage et action
hautement spécifiques, produit fini, distinct du discours et de
démarches du politicien. Un examen des textes de Césaire et de leurs
métaphores donne au célèbre Black is Beautiful la place du rite :
l'acte d'écrire, conjuration à l'informe, devient proprement le rite
de passage à la Terre natale, à soi, à l'autre. La Négritude/Poésie de
Césaire est le mot, l'image, le mythe, l'amour, l'humour par où le
poète s'installera au cour vivant de lui-même et du monde.