Depuis 1978, la position de Hegel à l'égard de l'Afrique noire est
très discutée. Le philosophe de Berlin a été traité de raciste. C'est
l'opinion qui domine chez la plupart des chercheurs européens et
africains. Mais une telle affirmation mérite d'être révisée à la suite
de la thèse d'Etat soutenue en 1990 à l'Université de Paris I par un
philosophe africain, Pierre Franklin Tavarès. La lecture attentive de
cette thèse devrait amener beaucoup de chercheurs à nuancer leur
pensée sur l'attitude de Hegel sur l'Afrique noire. « La question
Hegel » en Afrique ou ce que Guy Planty-Bonjour appelle « les question
africaines de l'hégélianisme » n'est pas seulement d'ordre théorique,
mais également pratique. Des historiens, des hommes de lettres, des
hommes politiques, des sociologues et quelquefois, même des
philosophes africains se sont dépêchés de traiter Hegel de raciste à
la suite de leur seule lecture des Leçons de la philosophie de
l'histoire qui est une oeuvre posthume publiée sur la base des notes
de ses étudiants. Par ailleurs beaucoup de ses auteurs ont ignoré
l'ouvrage de Carl Ritter : L'Afrique (1500 pages) sur lequel s'est
appuyé Hegel qui, introuvable à la Bibliothèque Nationale de France,
n'est disponible qu'à l'Institut de géographie de Paris. Seul Pierre
Franklin Tavarès a pu exploiter ce livre que Hegel a consulté pour
avoir des informations sur l'Afrique à Berlin. C'est pourquoi il parle
de la deuxième attitude de Hegel à l'égard de l'Afrique motivée par la
lecture de ce grand géographe allemand qui s'appuie sur le système de
Schelling : le Tout. Beaucoup d'autres chercheurs ont apporté des
informations sur l'attitude de Hegel à l'égard de la Révolution de
Haïti qu'il a soutenue dans des textes allemands qui ne sont pas
encore traduits en français. C'est pourquoi, l'auteur de ce livre
essaie de tenir compte des progrès effectués dans les recherches
portant sur Hegel, d'élargir le débat sur « Les questions africaines
du hégélianisme » et d'ouvrir quelques pistes de recherche qui peuvent
intéresser au premier chef les chercheurs africains.