L'écriture carcérale et le discours juridique : Jean Genet et Roger
Knobelspiess montre comment deux écritures jaillies de l'enfermement
carcéral permettent d'analyser, voire de contrer, la rhétorique et la
logique de tout un appareil juridique qui plaide, acquitte et
condamne, en toute impunité. Cette étude examine la rencontre de
plusieurs discours, notamment celle du discours carcéral et du
discours juridique à travers les œuvres de deux écrivains français,
Robert Knobelspiess et Jean Genet. Le témoignage du premier livre un
cri carcéral qui ne parvient pas à se dire tandis que dans les textes
du second ce sont les détournements du sens qui produisent l'écriture.
Dans les deux cas, l'analyse expose avec lucidité et clarté
l'expérience d'écrivains qui, court-circuitant la logique judiciaire
et carcérale, refusent les narrations linéaires, les projets
d'écriture ordonnés, les analogies évidentes, les récits aseptisés. Au
contraire, chez l'un comme chez l'autre, les montages moraux et
juridiques sont exposés comme autant de machines à tuer la jouissance.
Aussi l'écriture carcérale laisse-t-elle s'exprimer des corps ailleurs
éviscérés par les tribunaux et les textes juridiques. Écrire, pour
Genet et Knobelspiess, c'est laisser percer des bribes de la vie du
corps, laisser déborder odeurs, fluides et humeurs.