Livrel (ePUB, HTML, Tatouage) 955p.
(Essai)
ISBN: 978-2-37015-474-3
Il en va de l'écriture comme de la parole. De la même façon que chaque
individu a sa manière de parler, chaque écrivain aussi a un style qui
lui est particulier. L'expression d'un auteur quelle qu'elle soit
emporte avec elle une touche, une griffe mais également une thématique
qui lui sont propres. En ce sens le script de Beyala n'échappe pas à
la règle. Réaliste à souhait, il se donne comme mission première de
dévider la peau de chagrin du continent noir. Par ce faire, elle ne
lésine pas sur les moyens pour parvenir à ses fins. Tel un cadreur,
elle fixe son objectif sur la crise multiforme que vivent les sociétés
africaines. Une telle entreprise fait de Beyala quelqu'un qui déplace
la virgule par rapport à ses devanciers. Nous voulons parler ici des
romanciers des trois premières périodes du roman africain. C'est ainsi
qu'elle fait entrer son écriture dans la post-modernité. L'univers de
la marginalité est désormais préféré à celui des milieux huppés des
grandes villes africaines. La situation d'abandon et d'isolement qui
constitue la marque spécifique de son milieu d'élection déteint sur la
personnalité du substrat noir. Les femmes et les hommes que dépeint la
plume de Beyala semblent tout droit sortis d'un pandémonium. Ils ont
partie liée avec la corruption, la débauche et l'incurie. Ils n'ont
aucun repère moral, familial, religieux ou politique. Qu'ils vivent
dans ou en dehors du continent noir, ils offrent toujours le même
visage. Ce sont des individus déboussolés qui mènent une existence
frisant l'absurde. Leur dérive est à la fois physique et morale mais
aussi par la même occasion spirituelle. Il ressort de ce foisonnement
de descriptions et de portraits un scepticisme ambiant qui renseigne
amplement sur l'un des points focaux de l'écriture de la Camerounaise.