Livrel (ePUB, HTML, Tatouage) 56p.
(Grands classiques africains)
ISBN: 978-2-37015-495-8
-Sommaire-
Pour Paul Dakeyo, le livre est devenu une passion que son cour pèse et
soupèse à chaque instant de sa vie, tandis qu'il laisse son génie
créateur s'illustrer, pour notre plaisir, dans des recueils de poèmes
jaillis de la terre arable du songe, comme dirait Saint-John Perse, le
songe, précisément, des siècles d'errance et de tribulations de son
peuple noir agenouillé, tout habillé de prières, aux limites saintes
de son horizon. Et c'est ainsi que nous verrons défiler « Les barbelés
du matin », « Le cri pluriel », « Chant d'accusation », suivi de «
L'espace carcéral », puis « J'appartiens au grand jour » (Prix
européen de Poésie) aux éditions Saint-Germain-des-Prés à Paris, et un
coup de sang, « Soweto, soleils fusillés » paru aux éditions Droit et
Liberté. Des ouvres alignées d'une belle coulée sonore, des impulsions
de la mémoire qui ont pris tout d'un coup l'aspect d'une consécration.
Elles occupent fort bien la place qui leur est faite par des juges
difficiles qui n'auront pas été abusés par l'effet de surprise. Ce
sont des poèmes qui passent comme des vents de sable et n'épargnent
rien, où nous avons pu admirer les cuivres d'un langage porté à son
point extrême d'incandescence. Une voix qui ranime les grands pans de
nos croyances fauchées par le vent de l'Histoire. Il s'agissait de
dire avec les épices nécessaires, de convoquer à la rencontre des
hommes, les forces énergétiques qui ont longtemps dormi dans le
mystère ignoré des minerais obscurs. Et nous pensons ici encore à
Saint-John Perse : « Et le poète est avec vous. Ses pensées parmi vous
comme des tours de guet. Qu'il tienne jusqu'au soir, qu'il tienne au
regard sur la chance de l'homme ! » Au fond, on pourrait se demander
si l'écriture n'est pas, pour Paul Dakeyo, ce qu'il aime le plus, une
cible qu'il veut atteindre et blesser ou caresser (c'est identique)
par le truchement de l'édition ? La dernière opération sera l'alliance
de l'encre et du sang. Et les éditions Silex indiquent le passage
d'une dimension à une autre, du chaos émotionnel à l'harmonie
spirituelle dans un monde rénové, du feu à l'ordonnance de ce feu. Et
le poète noir camerounais se fait le conquérant d'un territoire neuf :
La femme où j'ai mal.