Livrel (ePUB, HTML, Tatouage) 96p.
(Poésie noire)
ISBN: 978-2-37918-145-0
Paul Dakeyo, poète camerounais, se voit comme le réceptacle des
occurrences de la vie. Il « porte en lui le temps furieux ». S'il
existe en tant qu'individu, il n'oublie pas qu'il est « de ceux qu'on
opprime ». Comme Africain, il a des visions bouleversantes de son
pays, éprouve l'exil, le mal de l'immigré, et souhaite que son « cri
surgisse de la nuit ». Partout où l'homme souffre, au nom de la
« misère-élément », il est présent. Il lance des vers vengeurs, en
flammes, sur les toits des prisons. Le « Cri pluriel », ce cri
unanime, contre ceux qui ont tué Lumumba, Guevara, Cabrai, Allende,
N'Krumah... Comme l'écrit son préfacier, le professeur Tidjani-Serpos
Noureini, chez Dakeyo, « le lyrisme n'exclut pas la lucidité ». Cette
« voix dit que dans la grisaille ambiante quelques jeunes refusent
d'être de pâles imitateurs des sectateurs de la Négritude ». Ces
poèmes de combat sont suivis d'une conférence de Pierre Fougeyrollas
intitulée Le défi de la sécheresse et la lutte des classes en Afrique
soudano-sahélienne. Selon l'essayiste, la sécheresse récente et son
cortège de famine, le long du bassin du Niger, est une lointaine
conséquence du déséquilibre économico-démographique apportée par la
colonisation, soucieuse hier de ses intérêts, et encore aujourd'hui
par bourgeoisie interposée. Le développement « rentable » des cultures
d'arachide, de coton ou de gomme arabique a été fait au détriment de
la culture du mil - qui représente pour une zone s'étendant « du
Sénégal et de la Mauritanie à l'Éthiopie et à la Somalie, englobant,
en outre, le Mali et la Haute-Volta, le nord du Dahomey, du Nigeria et
du Cameroun, le Niger, le Tchad et le Soudan » - ce que le riz est
pour l'Oriental. Seule « une rupture brutale ou progressive, des
économies de ces continents par rapport au marché mondial et leur
transformation d'économies extraverties en économies autocentrées »
pourrait éviter la famine, conclut l'auteur au terme de son analyse.
Pierre Fougeyrollas ne voit pas d'autre solution pratique que la
Révolution africaine