La décentralisation n'est pas une simple affaire technique ou administrative, elle implique un véritable débat de société. Nos vies, qu'elles soient rurales ou urbaines, sont dominées par de multiples centralités, le marché, le patron, l'État, le parti, l'école,... Décentraliser signifie se libérer de ces centralités qui ne sont que le visage d'un centre dominateur qui loge en chacun et au cour de toutes les institutions. Décentraliser veut dire alors libérer en soi le potentiel de créativité et de coopération inventive : chacun, chacune redevient un centre créateur de sens et d'utilités pour soi et pour les autres. La lutte contre la pauvreté, le démontage des mécanismes générateurs d'exclusion, la fin de l'exploitation sont conditionnés par le succès d'une décentralisation généralisée à tous les secteurs de la vie. Celle-ci ne sera réussie que si elle déclenche un changement radical de société : briser les mécanismes qui transforment les différences en inégalités, passer d'une logique de compétition à des dynamiques de complémentarité, redistribuer la richesse, transformer la nature et les représentations du pouvoir, penser par soi-même plutôt que croire, se libérer des systèmes basés sur la récompense ou la punition. Le livre explore modestement quelques hypothèses très provisoires pour développer une géométrie mentale et des pratiques décentralisatrices, un monde de cercles plutôt que de pyramides. Il ouvre des pistes pour ceux et celles qui cherchent à changer les règles du jeu sociétal, en quête de démocraties véritablement imaginatives et contributives.