Est-il possible, en dépit de la complexité, de réduire la question du
changement politique et social en Afrique à l'action sur quelques
mécanismes transversaux ? Et ainsi déclencher des effets d'ampleur,
provoquer des ruptures qui transforment réellement les conditions de
vie du plus grand nombre ? C'est la piste que défend le Réseau Enda
Graf Sahel se fondant sur une théorie du changement qui fait la part
belle au principe d'interactivité généralisée. Dans la foulée d'une
analyse des contextes menée à différentes échelles, des mécanismes
fondamentaux sont mis en lumière, conduisant à l'identification de
grands axes où porter des changements. L'idée force est que la
participation des populations dans tous les espaces de vie
(associations, quartiers, familles, partis politiques, projets,
collectivités locales, entreprises, administrations...) est une chance
à saisir à la fois pour réinventer la démocratie et le « vivre-
ensemble » à partir de là où les gens agissent ainsi que pour asseoir
la légitimité des institutions, parmi lesquelles l'Etat. L'activité,
tant professionnelle que sociale, les institutions et la subjectivité
se présentent alors comme les principaux chantiers du changement.
Toutefois, comment vérifier si, au delà des mots élégants, pareils
changements font véritablement une différence tant dans la vie des
gens que dans le fonctionnement de la société ? Où regarder et comment
mesurer si l'action individuelle ou conjuguée d'initiatives marque
l'histoire micro-locale et globale ? Seul un dispositif de suivi des
impacts permet d'approcher cette délicate mais nécessaire question.
L'ouvrage propose des points de repères concrets pour définir et
analyser des impacts. En marge des ambitions affichées par les acteurs
du Réseau Enda Graf Sahel, une idée clef transpire tout au long de cet
ouvrage : les Afriques possèdent en elles les ressources pour
s'inventer un avenir commun véritablement mobilisateur. Mais cette
perspective exige un profond retravail des modes de penser, d'être et
d'agir, jusque dans les derniers interstices de la quotidienneté et
des manières de se faire soi. Car, in fine, c'est là sans doute
davantage que dans les arènes politiciennes que se déploient les
vraies possibilités de rupture créatrice. Telle est l'ultime ambition
de cet ouvrage, suggérer des pistes concrètes pour penser et mettre en
mouvement des innovations africaines politiques et sociales.