Le rapport de 1986 sur l'état de la population mondiale établi par le Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population conclut qu’« en l’an 2000, la moitié des habitants du monde vivront dans les villes ».
On peut dès lors être tenté de se demander si cette explosion urbaine n’est pas surtout repérable dans les pays fortement industrialisés. L’UNESCO est formelle : en l’an 2000, « en Afrique, la population urbaine passera de 160 millions à 350 millions d’habitants, soit plus du double ».
Qu’est-ce qui explique donc cette croissance qui prend visiblement des formes sauvages, au point que les organismes internationaux appuient instamment sur la sonnette d’alarme ?
D’où viennent ces nouveaux habitants de la ville qui, à défaut d’être de vrais urbains, sont accueillis dans des bidonvilles, des quartiers dits flottants, des taudis, des bâtiments en ruine rappelant les squatters en Europe, ou qui irrémédiablement vont échouer dans la rue ? Ainsi, les yeux sont braqués sur le phénomène migratoire comme corollaire de cette urbanisation sauvage, avec tous ses effets pervers.
Ce sont donc les ruraux qui, pour l’essentiel, constituent le trop plein des villes pour ce qui nous occupe, car selon Landing Savané : « si les migrations internationales ont une grande importance dans les pays ouest africains en général et sahéliens en particulier; il reste que les migrations internes le sont encore plus ».
C’est ce que confirme une étude de l’OCDE/BM qui estime que les migrants intérieurs sont près du double des migrants internationaux dans la région ouest africaine.
Le Sénégal en l’occurrence est l’exemple de pays où l’essentiel des migrations sont internes. Le modèle migratoire dominant est en particulier rural-urbain, entrainant un déséquilibre notoire de la répartition de la population dans l’espace. Avec 940. 920 habitants, la région de Dakar abrite 18, 8 % de la population sénégalaise sur 550 km2 soit 0,3 % de la superficie du pays. La densité à Dakar est de 1711 habitants au km2. Ce taux est extrêmement élevé comparativement à la densité moyenne sénégalaise qui est de 25 habitants au km2 . Il y a donc au Sénégal un mouvement de population très dense. Selon le recensement démographique de 1976, le taux d’urbanisation pour le Sénégal dépasse 30 % , le courant dominant des migrations est incontestablement orienté des zones rurales vers les grandes villes, Dakar notamment qui est véritablement une ville d’immigration.