Livrel (ePUB, HTML, Tatouage) 723p.
(Essai)
ISBN: 978-2-37015-987-8
Lieu de rencontre, lieu de travail, lieu de conflit, lieu de pouvoir,
lieu de mémoire, la ville à l'époque moderne a exercé une attraction
constante sur les populations d'un monde européen encore, à l'origine
de la période considérée, essentiellement rural. La capitale, plus que
toute autre, focalise cette attraction tant dans la vie réelle que
dans l'imaginaire. Il n'est que de citer le Paris de Balzac ou le
Londres de Dickens, pour évoquer un genius loci qui prend valeur de
protagoniste dans l'univers romanesque ainsi créé et lui imprime une
coloration souvent déterminante ou, pour prendre une autre métaphore,
l'écrit dans une clef musicale qui influe considérablement sur le
récit. De ce fait, la physionomie de la ville, son architecture comme
son plan d'occupation sont autant d'éléments révélateurs de sa «
personnalité » qui méritent en cela qu'on s'y arrête, puisque cet
aspect physique entre en jeu dans la qualité de vie offerte à ses
habitants; conditionne leurs rapports entre eux comme leur rapport
matériel et affectif à la ville elle-même. Son image physique sera
alors symbolique des relations humaines proposées par la société
qu'elle abrite, de son « âme » en quelque sorte. « Les lumières de la
ville », quelle qu'elle soit, attirent des foules plus ou moins
grandes vers ce lieu qui concentre tant d'ambitions et de rêves
personnels ou collectifs, et dissimulent aussi la réalité plus sombre,
parfois sordide, qu'il leur faut affronter une fois accomplie cette
migration, une fois que s'installe la désillusion inévitable de la
quotidienneté. Car la ville est perçue comme le lieu par excellence de
la réussite personnelle et de promotion sociale, le cache,
universellement accepté, semble-t-il, du rêve dit « américain ».