Le mouvement zaïrois de démocratisation, né le 24 avril 1990, a mis à
nu la violence politique dans la ville de Kinshasa. Le vide juridique
et les divers conflits de pouvoir qui s'en sont suivis ont donné libre
cours à toutes les autres formes légales et illégales de violence
qu'ils ont simultanément permises. Les pillages des magasins et des
établissements industriels de 1991 et 1993, le massacre des chrétiens
de février 1992, les règlements de compte du peuple contre les membres
de la jeunesse du défunt parti-État (JMPR), les bagarres rangées entre
la garde civile et les partisans, la « nuit des longs couteaux » de la
Division spéciale présidentielle (DSP), contre les militaires
pseudo-mutins, tous ces incidents ont étendu à la scène urbaine la
sphère de la violence qui était jusqu'à cette date contenue dans les
prisons politiques et cellules des services de sécurité. Cette
violence brute et nue, naguère latente, est devenue fondatrice et
régulatrice du pouvoir dictatorial lui-même et de son exercice pour sa
propre reproduction. Elle constitue une composante non moins
importante de la culture de la rue à Kinshasa, la capitale du pays.