L'économie du Congo-Brazzaville est grevée d'un lourd passé. Domaine privilégié des grandes compagnies concessionnaires qui se sont partagées le pays à la fin du siècle précédent, le « Congo Français » a connu, jusque dans les années trente, un régime fondé sur la contrainte : impôt de capitation, recrutements autoritaires de travailleurs, cultures obligatoires de plantation, ont favorisé les abus, affaibli les populations et accru la misère. La nouvelle République a ainsi souffert dès le départ de déséquilibres structurels massifs résultant de cet héritage sans perspective. Pourtant, les atouts sont nombreux. Le Congo de 1958 n'est plus celui de Céline. Il est « modernisé », sa population urbanisée et prolétarisée. D'un pays primitif, il est devenu un véritable pays sous-développé, une région périphérique du système capitaliste mondial. Les réalisations économiques du régime « socialiste » actuel sont limitées. L'accueil au capital étranger n'a été, à aucun moment, remis en cause. Les industries légères commencent à plafonner. La création d'un secteur commercial d'Etat a jusqu'à présent échoué. Le développement impossible dans le cadre étroit des frontières, impliquerait l'organisation planifiée d'un vaste espace économique, animé par de puissantes industries de base autocentrées. Mais la modestie des résultats ne doit pas être attribuée seulement aux orientations nouvelles de la politique économique, en feignant d'ignorer la réalité du passé colonial.