Écrire l'économie politique de l'Afrique de l'Ouest, qui a accédé à
l'indépendance en 1960, c'est faire l'histoire d'une croissance
extravertie, c'est-à-dire impulsée par la demande extérieure et
financée par le capital étranger. L'expérience historique montre que
cette croissance extravertie est croissance sans développement,
synonyme de sous-développement. Car la ponction exercée sur le surplus
par les centres développés du système mondial ruine toute possibilité
d'une modernisation agricole radicale et d'une industrialisation
profonde. Au plan social, elle façonne des structures qui ferment à
leur tour tout espoir de progrès. Par-delà la variété des pays
étudiés, différents par leurs structures précoloniales comme par l'âge
et l'ampleur de leur mise en valeur coloniale, la genèse historique du
sous-développement conduit aux mêmes types de blocage, qui s'expriment
par les mêmes difficultés économiques.