La guerre en Libye en 2011 a provoqué le départ précipité de plusieurs centaines de milliers de ressortissants étrangers. Le Niger, pays de départ et de transit vers la Libye, a enregistré entre février 2011 et juillet 2012 l’arrivée sur son territoire de près de 114 500 personnes, dont 6 278 non Nigériens, selon les statistiques officielles (Comité ad hoc 2012). Cet afflux massif de population est intervenu, au Niger, dans un contexte politique marqué par une transition militaire faisant suite au coup d’État militaire du 18 février 2010, alors que le pays faisait face, pour la deuxième année consécutive, à une crise alimentaire.
Ces facteurs ont contribué à alimenter le discours sur les risques liés aux répercussions sociales, économiques et sécuritaires de cette migration inversée. Ainsi, pour nombre d’observateurs, ces retours précipités, qui constituent un manque à gagner important pour de nombreux ménages attendant des transferts d’argent plutôt que des bouches à nourrir, risquaient d’aggraver la crise alimentaire et d’accroître l’insécurité. En s’appuyant sur les résultats d’une recherche réalisée en 2011 auprès des acteurs de la gestion de ces retours précipités dans la commune de Tchintabaraden, cet article met en évidence la pluralité des modes de gestion de ces retours dont les logiques s’articulent entre urgence et durabilité.