Birago Diop nous rappelait déjà que « les morts ne sont pas morts! »
Cette vérité hypothétique est peut-être valable pour le quota. En
effet, malgré son élimination juridique, le quota résiste et continue
d'exister. Sa « mort » annoncée tarde à se réaliser. La question n'est
plus de savoir si le quota doit « mourir ». Sa « mort » est prononcée
comme une sentence que le « bourreau » n'ose pas exécuter. La question
est plutôt de savoir combien de temps va encore durer la « lutte
contre la mort » que le quota a engagée. Le quota est « mort »
juridiquement. Mais il a survécu dans la pratique. Aussi, le quota
est-il à l'image d'un être « vivant surnaturel ». Il est né, a vécu,
est mort et est ressuscité. Si sa naissance a été précipitée et sa vie
tumultueuse, sa mort, elle, a été programmée et sa résurrection était
prévisible. En fait, en 1996, le Sénégal se dote d'un code des
collectivités locales qui prévoit le transfert de compétences de
l'État vers les collectivités locales ; parmi ces compétences, la
gestion de l'environnement et des ressources naturelles. Le code
forestier de 1998 a clairement exprimé la volonté du législateur de
consacrer la décentralisation forestière. C'est ainsi que le système
du quota devait être supprimé depuis le 21 février 2001. Il devait
être remplacé par l'aménagement qui transfère les compétences de
gestion de l'exploitation forestière aux élus locaux. Cependant, les
plans d'aménagement ont du mal à se concrétiser. Si, le code forestier
du Sénégal de 1998 constitue un cadre propice pour réaliser une
décentralisation dans le secteur forestier, conformément à la
décentralisation politico-administrative, la décentralisation
forestière reste inachevée. Elle reste bloquée en large partie par la
survivance du système des quotas.