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Excision au Sénégal informer pour agir

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Sylla, Marie Hélène Mottin

Livrel (ePUB, HTML, Tatouage) 238p.
(Essai)
ISBN: 978-2-37015-434-7
Malgré certaines imperfections de méthode, dont nous avons fait état, on a pu, à la lumière des informations apportées par cette recherche, dresser un premier tableau de la situation de l'excision au Sénégal. Cette étude a procédé à l'observation directe du statut face à l'excision, de 4409 femmes, dont 4228 Sénégalaises, ces observations ayant été effectuées par du personnel médical et paramédical. Il s'agissait non de recueillir des opinions ou des jugements de valeur sur la question de l'excision, mais des faits précis, dont le traitement statistique a permis de tracer un tableau de la situation de l'excision au Sénégal. Celui-ci a fait apparaître le très net déséquilibre géographique de la répartition de la fréquence de l'excision dans le pays : une superficie couvrant entre les deux-tiers et les trois quarts du pays est concernée par l'excision, mais il s'agit des zones les moins peuplées du territoire. La comparaison entre la carte des éco-cultures de l'excision (page 30) et la carte des densités de population (page 15) le montre de façon nette. Ce déséquilibre géographique recoupe un net déséquilibre ethno-démographique : 80 % de la population sénégalaise, si l'on en croit les résultats de la recherche, ne seraient pas concernés par l'excision, et en premier lieu, les wolof et les sérère (soit 58 % de la population), ainsi que les Diola n'ayant pas connu l'influence mandingue, et les ethnies du sud dans la même situation. Si 20 % de la population sénégalaise appartient à un milieu qui pratique l'excision, cela revient à dire, si l'on accepte l'approximation d'un sex-ratio paritaire dans ces ethnies, que les femmes et fillettes directement concernées par l'excision au Sénégal sont au nombre de 700 000 (la moitié de 20 % des 7 millions d'habitants du Sénégal en 1990). Les terroirs de l'excision au Sénégal recouvrent les zones halpulaar, mandé, et les zones d'influence mandingue en pays Diola et tenda. L'excision existe de façon larvée en zone urbaine, à un taux probable de 20 à 30 %; dans les zones urbaines, ces taux s'expliquent sans doute par l'exode rural. L'excision est directement liée à la religion musulmane, mais c'est une minorité (20 %) des musulmans du Sénégal (95 % de la population du pays selon le recensement de 1990) qui pratiquent l'excision. Dans les cas où l'excision est réinterprétée dans des rites ethno-traditionnels (pays Diola et tenda), elle est pratiquée dans les zones d'influence mandingue. L'âge moyen à l'excision, au Sénégal, est de 6 ans, avec de fortes disparités de comportement selon les ethnies : dans les trois premières années chez les toucouleur et les soninké, entre 2 et 7 ans dans la majorité des cas chez les peul, entre 4 et 11 ans chez les Diola, entre 4 et 9 ans chez les Socé.
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