L'impératif démocratique, avec ses défis, s'est superposé à celui,
ancien mais toujours d'actualité, du développement. Si cet idéal a un
sens, c'est celui de convertir les pays africains en un espace public
bâti sur le débat pluraliste, sur les institutions qui garantissent le
succès de ce débat dans le jeu serein des pouvoirs et des
contre-pouvoirs. C'est aussi celui de les doter d'une démocratie
fondée sur la force de la rationalité qui cherche les solutions les
plus fertiles aux problèmes des populations, et sur l'éthique d'une
responsabilité collective dans la quête de la justice sociale et du
bonheur du plus grand nombre. C'est enfin une nécessité pour des
minorités ethniques, des catégories sociales, y compris des femmes et
des enfants, des groupes défavorisés, etc. qui n'ont pas toujours la
liberté et les moyens de se protéger contre l'arbitraire et de se
faire entendre afin de peser sur les décisions qui affectent leur
existence. Aussi, dans le champ africain, est-il tenu comme de
meilleur ton de s'intéresser à l'univers des dominés, du « bas », à la
résistance ou, selon des préoccupations volontaristes, aux thèmes du
développement, de la démocratisation. Cette question est d'autant plus
pertinente que depuis les années 1990, la recherche sur les politiques
de l'ethnicité, de l'appartenance et de la citoyenneté en Afrique
s'est élargie à la problématique de l'autochtonie. Cette étude porte
sur l'intégration sociopolitique des minorités ethniques dans ce
nouveau contexte de démocratisation au Cameroun. L'interrogation
principale est de savoir si le multipartisme et la démocratisation
ouvrent de nouvelles perspectives à ces groupes dominés, ou si, dans
le cas contraire, ce changement politique minerait plutôt leur
position : ouverture en termes de leur participation à la vie
politique, d'amélioration de leurs conditions de vie et, dans la
perspective des mouvements sociaux, en termes d'organisation et de
création d'associations de défense de leurs intérêts. Affaiblissement
en termes de perte des acquis sociopolitiques de la période du parti
unique.