En 1959, quand j'avais décidé d'aller raconter les aventures de ma cousine «Juliette» à mes camarades de libamba, je me proposais surtout de les divertir le soir, après l'étude surveillée, pour remercier ceux d'entre eux qui me faisaient mes devoirs d'algèbre et de géométrie dans l'espace. Bien entendu, le problème de la dot me préoccupait, tout comme il préoccupe, maintenant encore, tous les jeunes gens sans argent. Mais dire que j'avais toujours rêvé de me porter candidat au championnat africain de l'émancipation de la femme serait un peu loin de la vérité. En classe de seconde, et malgré les horizons dorés que les élèves du second cycle croient souvent voir s'ouvrir devant eux, je ne pouvais espérer aller bien loin avec une pièce écrite pour les raisons énoncées ci-dessus. Encore moins pouvais-je espérer la voir jouer sur scène : les salles et les troupes de théâtre permanentes étaient pratiquement inconnues chez nous à l'époque. Oeuvre au programme scolaire.