Aujourd’hui comme hier, l’Afrique est traversée par des dynamiques socioculturelles, économiques et politiques qui contribuent à façonner durablement son historicité et son inscription dans les phénomènes dits globalisés. Il en est ainsi du terrorisme à grande échelle, qui sévit plus que jamais et avec la plus grande acuité dans les sous-régions d’Afrique centrale et de l’Ouest. Alors que la seconde de ces sous-régions fait face à la menace depuis plusieurs décennies avec des groupes terroristes bien connus, à l’instar du MUJAO et du MNLA, et plus récemment de la secte islamiste Boko Haram, la première s’est engluée au cours de la dernière décennie dans cette guerre asymétrique, avec l’expansion des exactions de Boko Haram sur certains pays qui en délimitent la zone (Cameroun, Tchad). L’urgence et la prise de conscience des décideurs des pays touchés par le terrorisme en Afrique centrale et de l’Ouest ont conduit ces derniers à prendre des mesures fortes pour combattre et enrayer ce qui apparaît désormais non plus seulement comme une menace sécuritaire, mais bien plus comme une tentative de bouleversement de tout un système politique. Toutefois, force est de constater qu’en dépit des initiatives multilatérales adoptées et implémentées contre les groupes terroristes, les actions et les exactions de ceux-ci ne sont pas allées s’amenuisant. Dès lors se pose la problématique de l’incroyable résilience de ces machines de la terreur. Cet article se propose ainsi, en interrogeant les mécanismes de financement du terrorisme en Afrique centrale et de l’Ouest, et notamment le rôle central des flux financiers illicites, d’établir que l’un des moyens les plus efficaces d’affaiblir les actions des groupes terroristes consiste à maîtriser et à mettre en place des politiques adéquates de contrôle des flux financiers en Afrique et dans le monde. Mots-clés : terrorisme, flux financiers illicites, Afrique centrale, Afrique de l’Ouest